“En France, l’antisémitisme « du quotidien » s’est ancré et se propage”
Insultes, intimidations, violences physiques, tags… Des juifs racontent des agressions devenues banales et qui se multiplient depuis 2000. LE MONDE – 02.11.2017 – Par Cécile Chambraud
Cela a commencé au mois d’avril. Une première lettre est arrivée dans la boîte de la famille de Paul (le prénom a été changé), à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Elle comportait des menaces de mort, des « Allah akbar » et une balle de 9 mm. Le lendemain, cette famille installée dans la ville depuis dix-sept ans a reçu une seconde missive précisant : « C’est bien vous la cible, vous êtes tous morts. » Cette fois, c’est une balle de kalachnikov qui était jointe. La famille de Paul a saisi la police. Celle-ci a fait placer une caméra devant le pavillon et les courriers ont cessé.
Mais, en juillet, la caméra a été retirée. Des tags sont réapparus sur le mur du pavillon : « vive Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] », « on va vous éliminer », « nique les juives ». Une balle de 7,65 mm a été retrouvée dans la boîte aux lettres. Puis une nouvelle salve de tags à partir du mois d’août : « à mort les juifs », « vive la Palestine », « vive Daech », entre autres. …
Dans la nuit du 5 octobre, quelqu’un a même tenté de forcer la porte du garage. Inquiets jour et nuit, vulnérables, Paul, son épouse et leurs quatre enfants ont dû se résoudre à quitter leur logement. « Dans la maison, au moindre bruit, on ne dormait plus. Tant que les policiers n’ont pas arrêté l’auteur des faits, on reste ailleurs », tranche Paul.
De la violence faite à la famille de Paul, traumatisée et contrainte de déménager, on ne fait pas un gros titre. Pourtant, elle illustre cet antisémitisme « du quotidien » qui, année après année, s’est ancré puis s’est propagé en France, au point de mettre sous pression tant de familles juives.
« Habituation, banalisation »
L’antisémitisme ne se manifeste pas seulement par les assassinats comme celui d’Ilan Halimi ou encore les tueries de l’école juive Ozar-Hatorah à Toulouse et de l’Hyper Cacher. Les chiffres montrent à eux… PDF article dd 3/11/2017
Bron: Le Monde
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