De prins gaf zijn boom meteen ook water. © belga.Le Soir – Carte blanche – lundi 24 juin 2013 – p27

“Sioniste… Vous avez dit sioniste?”  par Joël Rubinfeld

La récente visite en Israël du prince Laurent à l’invitation du KKL, qualifié d’ONG sioniste, a fait couler beaucoup d’encre. L’auteur de cette carte blanche s’insurge contre un « ostracisme » à l’égard de ce mouvement séculaire et n’y voit qu’un prétexte pour appeler au boycott de l’Etat israélien.

Le Soir s’est récemment offusqué de la visite du prince Laurent en Israël à l’invitation d’une « ONG sioniste » – le mot « sioniste » claquant ici comme une insulte –, en l’occurrence l’organisation écologiste KKL (voir Le Soir en ligne du 18 juin et Le Soir du 19 juin).
Le prince Laurent aurait-il donc commis une faute en acceptant l’invitation du prestigieux et respectable KKL ? Faudrait-il boycotter cette institution, véritable précurseur de l’écologie moderne, grâce à laquelle Israël est le seul pays au monde où l’on compte plus d’arbres aujourd’hui qu’il y a un siècle ? …


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Faudrait-il brûler, en signe d’expiation des péchés fantasmés d’Israël, les 240 millions d’arbres plantés par le KKL depuis sa création en 1901, dont ceux des forêts de nos souverains, le Roi Albert I – inaugurée en 1936 –, la Reine Elizabeth, le Roi Baudouin – inaugurée en 1964 par le roi Baudouin et la reine Fabiola en personnes – et le Roi Albert II, voire les 1.000 arbres plantés aux abords de Jérusalem à la mémoire des victimes de Marc Dutroux ?

Non, bien évidemment.

Il faut alors se demander pourquoi cette honorable institution, qualifiée à de multiples reprises de « sioniste » comme si c’était là la marque définitive de l’infamie, est ainsi ostracisée. La question est d’importance car si l’écologiste KKL est infréquentable, c’est tout Israël qui l’est !

Que l’on ne se méprenne pas. Critiquer la politique israélienne est un droit incontestable – c’est même le sport national qui compte le plus de pratiquants enthousiastes en Israël et en diaspora. Mais il en va autrement s’agissant de la diabolisation du sionisme, ce mouvement de libération nationale qui s’est cristallisé dans la foulée de l’Affaire Dreyfus et grâce auquel le peuple juif a restauré son droit légitime à l’autodétermination sur sa terre ancestrale, après un calvaire long de 18 siècles d’asservissement et de persécutions.

Oui, Israël est né dans la douleur. Mais enjoindre Israël et tous ceux qui le représentent d’être et d’avoir été en tous points irréprochables, n’est-ce pas décréter que cet Etat n’est fréquentable que du moment où une paix aura été trouvée avec les Palestiniens ? N’est-ce pas ignorer coupablement le fait que l’un des deux principaux « interlocuteurs » palestiniens – le Hamas – prône la destruction de l’Etat juif et a élevé l’antisémitisme au rang de doctrine dans sa propre charte ? N’est-ce pas tenir pour négligeable que l’autre – le Fatah – multiplie les préconditions pour ne pas s’asseoir à la table des négociations avec Israël et prodigue sans relâche à ses enfants un enseignement de la haine de leurs futurs voisins avec l’argent du contribuable européen ?

En somme, la visite du prince Laurent en Terre promise ne servirait-elle pas à certains de prétexte pour, en creux, plaider pour le boycott d’Israël tout le temps que cette paix n’existe pas ? Une absence de paix dont l’Etat d’Israël serait à l’évidence responsable…