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“Le mea culpa de l’Etat belge dans la Shoah” – door Christian Laporte – 25/01/2013
Le Sénat, unanime, reconnaît la culpabilité de l’Etat belge et d’un certain nombre de ses autorités.
http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/792577/le-mea-culpa-de-l-etat-belge-dans-la-shoah.html
Un moment, on a pu croire que le Sénat ne pourrait pas adopter, à trois jours du 68e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, la résolution reconnaissant la responsabilité de l’Etat belge dans la mise en place de la Solution finale ; pire, on n’excluait pas une brisure inattendue entre les groupes jusque-là unanimes, mais le bon sens l’a emporté. Et sous l’impulsion des partis de la majorité gouvernementale, finalement toutes les formations représentées au Sénat ont pu s’accorder sur deux amendements qui envoyaient “ad patres” l’interprétation un tantinet spécieuse et tirée par les cheveux d’une frange de la communauté juive bruxelloise qui avait vu dans le texte déjà accepté une soi-disant minimisation des responsabilités officielles.
Jeudi sur le coup de 19 h 10, les 54 membres présents dans l’hémicycle ont adopté à l’unanimité le nouveau texte qui avait franchi sans encombres le cap de la commission le matin. Face à plusieurs représentants du monde juif bruxellois dont le président du CCOJB Maurice Sosnowki ainsi que des membres du CCLJ et de l’Association pour la mémoire de la Shoah, la commission avait fait le plein de “gros bras” sénatoriaux puisque Philippe Moureaux, Armand De Decker et Marcel Cheron qu’on n’y avait jamais vus étaient venus prêter main-forte à leurs collègues. L’introduction dans le texte de deux allusions à l’Etat belge – voir par ailleurs – ont fait le reste, même si Gérard Deprez (MR) a tenu à faire remarquer que la référence à “certaines autorités” (coupables) tant reproché à Francis Delpérée, traité de manière inacceptable de “révisionniste” – ce que déplora sans ambages, soulignons-le, l’ancien président du Sénat, Danny Pieters (N-VA) – puis aussi de “Belgicain” (!) figurait telle quelle dans le discours du Premier ministre à Malines en septembre dernier.
Mais l’heure n’était plus à la vaine polémique : le rapport établi par le constitutionnaliste CDH fut adopté sans la moindre remarque. L’après-midi en séance plénière, ce fut l’occasion pour les différents groupes de repréciser une fois encore leur appui sans réserves à une résolution qui fut introduite une première fois en 2002, portant déjà le nom de Philippe Mahoux (PS) mais aussi celui d’Alain Destexhe (MR). Entre-temps, les responsabilités éventuelles des autorités belges se sont muées en certitudes grâce au travail de fond mené par les historiens du Centre Guerre et sociétés contemporaines qui n’avaient cependant pu entamer leurs travaux qu’après le vote d’une loi leur permettant d’avoir accès à certaines archives. L’équipe dirigée par Rudi Van Doorslaer n’a pas traîné puisqu’en 2007, ses chercheurs présentaient un impressionnant rapport en deux volumes sur ce que l’on appela “la Belgique docile”. Mais comme l’a souligné à juste titre le rapporteur Delpérée, il fallait aussi avoir à l’esprit le sous-titre parlant lui des “autorités face à la persécution des Juifs”.
Le chef de file du CDH a aussi rappelé les responsabilités : “Avant tout, celles du régime national-socialiste allemand”, mais aussi de “citoyens belges” puis “d’autorités belges” et, enfin, de “diverses personnalités”. C’est dans ce contexte que la Haute Assemblée a reconnu la responsabilité de l’Etat belge. L’intervention la plus émouvante fut sans conteste celle de Jacques Brotchi (MR) qui fut un “enfant caché”, mais on retiendra aussi celle du maïeur de Fourons, Huub Broers (N-VA) qui insista sur l’importance du devoir de mémoire pour tous les habitants de ce pays, du Nord comme d’ailleurs.
La Libre – Foto: Alexis Haulot: Pinchas Kornfeld, éminent représentant du Judaïsme anversois – qui n’a pas contesté les travaux du Sénat-, a suivi avec une grande attention mais aussi émotion le débat en plénière.