Les députés MR Denis Ducarme, Philippe Pivin et Jean-Jacques Flahaux en Israel [JC Guillaume]“La délégation belge prend des leçons de sécurité en Israël” – La Libre – 31 mai 2016 – ROMAIN DEMOUSTIER

Gardes armés en civil, questionnaire à tous les passagers, Brussels Airport pourrait bien changer de visage, avancent nos confrères de la DH.
Comprendre les erreurs du passé et éviter qu’un drame se reproduise, c’est le rôle de la Commission d’enquête parlementaire mise en place après les attentats. C’est dans ce cadre qu’une mission composée, entre autres, des députés MR Denis Ducarme, Philippe Pivin et Jean-Jacques Flahaux, s’est rendue en Israël. L’objectif ? Comprendre les mesures de sécurité qui y sont mises en place et tenter d’en appliquer certaines chez nous. Premier arrêt : l’aéroport de Tel Aviv, le plus sécurisé du monde.

“Cela fait des décennies que nous n’avons plus subi aucune attaque”, explique fièrement le patron de la sécurité de l’aéroport. Et pourtant, Israël est en guerre depuis plus d’un demi siècle et est exposé quotidiennement à des actes de terrorisme. Et alors qu’on pourrait s’attendre à voir des hommes en armes derrière chaque porte, il n’en est rien. D’apparence, L’aéroport ressemble à n’importe quel autre, à quelques exceptions près. Un barrage filtrant est installé à 15 minutes du terminal, à l’entrée de la zone aéroportuaire, barricadée -elle- derrière de hautes clôtures électroniques. …


“Le barrage nous permet de faire une première vérification. Nos agents sont entraînés et détectent rapidement si une fouille approfondie est nécessaire. Nous avons aussi des hommes armés qui patrouillent le long des pistes. Nous avons par ailleurs des systèmes de détection très performants un peu partout”, poursuit le directeur. Mais c’est dans les bâtiments que l’expertise israélienne est mise en place. Outre les gardes armés en civil qui quadrillent les lieux, les agents utilisent des techniques de profiling qui permettent de détecter rapidement des comportements suspects. Avant de prendre l’avion, tous les passagers sont interrogés pendant de longues de minutes. On vous demande de prononcer votre nom, de situer votre ville de naissance, à quoi correspondent les tampons sur votre passeport, le nom de votre conjointe, si vous avez des enfants.

Une procédure fastidieuse mais efficace, et totalement inconnue en Belgique. Preuve de la confiance qu’ils ont en leur procédé, l’aéroport et le seul au monde à ne pas interdire les liquides dans la cabine. “Si on considère que vous n’êtes pas dangereux, vous pouvez prendre votre cafetière avec vous si vous voulez.”

Une fois passée cette épreuve, votre passeport est scanné au moins fois avant que vous puissiez arriver jusqu’à la porte d’embarquement.

La méthode est-elle trop extrême, trop intrusive ? C’est en tout cas ce que semblent penser les membres de la délégation, même s’ils feront des recommandations basées sur ce qu’ils ont appris. La sécurité à Zaventem doit de toute façon changer. Les dirigeants de Brussels Airport l’ont aussi bien compris et feront aussi le voyage en Israël dans les prochaines semaines. Si les changements ne seront pas encore visibles cet été pour les départs en vacances, il est plus que probable que la sécurité à Zaventem soit revue de fond en comble dans les mois et années qui viennent. Les députés rendront quant à eux leurs recommandations avant la fin 2016.

Un pays en niveau 4 permanent
Avec 380 attaques en 2015, le gouvernement a mis le paquet sur la sécurité, un modèle à suivre chez nous ?

Vivre en Israël, c’est être sur ses gardes en permanence. Les attaques sont quotidiennes et la population a accepté l’idée que la sécurité doit être totale. Si vous trouvez que croiser des militaires en rue est anxiogène, évitez à tout prix de passer dans le coin. “On est habitués et, finalement, je me sens beaucoup plus en sécurité ici qu’en France”, explique Avi, un jeune homme originaire de l’Hexagone et qui s’apprête à grimper dans le tram qui relie l’Est et l’Ouest de la ville de Jérusalem, une ligne très sensible.

“Tous les Israéliens font leur service militaire. Deux ans pour les femmes et trois ans pour les hommes. Ils sont donc rôdés en matière de sécurité et savent comment se défendre. Le port d’arme est autorisé pour presque tous. Cela fait que la population veille sa propre sécurité. La majorité des Palestiniens qui ont perpétré des attaques au couteau ces derniers temps ont d’ailleurs été abattus par des passants”, explique un ancien porte-parole de l’armée israélienne.

Des portiques de sécurité sont aussi placés à l’entrée des gares et des lieux sensibles, des gardes armés sont aussi présents dans tous les trams du pays. “Cela est totalement infaisable chez nous”, précise Claude Moniquet, expert en questions de terrorisme et membre de la délégation belge. “D’une part parce que cela coûte très cher et d’autre part, parce que les Belges ne sont pas prêts à vivre comme ça.”

Il ajoute : “Ici, l’état impose les mesures de sécurité à certains lieux. Les grands centres commerciaux sont par exemple obligés d’embaucher un certain nombre de gardes armés pour assurer la sécurité de tout le monde. En Belgique, on a tout juste le droit d’exiger de prévoir des sorties de sécurité. Nous avons fait et nous faisons preuve d’encore trop de laxisme en la matière.”

Mais se pose alors la question des libertés individuelles. Comment faire pour les respecter tout en mettant en place une sécurité maximale ? Les Israéliens ont choisi de renoncer à une partie de leurs libertés pour, disent-ils, se protéger. Le sujet doit être débattu, encore cette année, au sein de la Commission d’enquête parlementaire.

Tous formés à l’anti-terro
Pour Denis Ducarme, la victoire contre le terrorisme passe par la vigilance de tous

La visite en Israël des membres MR de la Commission d’enquête parlementaire avait à sa tête Denis Ducarme, député fédéral et chef du groupe MR à la Chambre. Pour lui, s’il est clair que le système israélien n’est pas transposable tel quel dans notre pays, la Belgique peut s’inspirer de certaines mesures adoptées dans le cadre de la sécurité. Notamment celle d’une plus grande implication des citoyens contre les terroristes.

L’une des fiertés d’Israël est d’avoir réussi à mobiliser sa population pour garantir la sécurité. Peut-on mettre cela en place chez nous ?

“Le processus est déjà en marche. Depuis les attentats du 22 mars, les services de polices reçoivent chaque fois plus d’appels de gens qui signalent des comportements suspects. Compte tenu de ce qu’on a vécu, il est normal qu’on se sente tous plus impliqués. Je pense que cette attitude citoyenne doit se répandre davantage, nous devons tous participer à cette vigilance. Mais pour cela, nous devons éduquer et informer le maximum de monde vis-à-vis des comportements à adopter. Dans l’aéroport de Tel Aviv par exemple, tous les employés ont reçu une formation en la matière.”

À quel point l’aéroport doit être considéré comme un exemple et quelles mesures peuvent être mises en place rapidement à Zaventem ?

“Tout d’abord, il ne s’agit pas de se précipiter. La commission d’enquête doit produire un rapport pour décembre prochain, mais je pense que certaines recommandations seront prêtes avant. Nous devons prendre des mesures sans attendre. En ce qui concerne l’aéroport, Zaventem a des choses à apprendre de Tel Aviv. Ce dernier forme par exemple lui-même une grande majorité de ses employés. Les techniques utilisées au niveau du profilage sont intéressantes, et nous pouvons aussi nous inspirer de la façon plus directe de communiquer des différents services. Ce ne sont pour l’instant que des pistes qui devront être discutées dans les prochains mois.”

Cela risque de coûter cher, les Belges sont-ils d’accord d’accepter cet investissement alors qu’on leur répète sans cesse qu’on aurait eu du mal à éviter le 22 mars, quels que soient les moyens mis en œuvre ?

“Tout le monde le dit : le risque zéro n’existe pas. Mais nous avons réussi à déjouer plusieurs attentats ces derniers temps, dont celui que préparait la cellule de Verviers. Nous avons des résultats, et nous ne devons pas baisser notre garde. Une armée est face à nous et elle se donne les moyens de nous atteindre. Les terroristes savent comment nous marchons et il est impératif de savoir s’adapter de plus en plus vite. Nous nous devons de nous donner les moyens de nous protéger. En plus, il ne faut pas forcément beaucoup d’argent pour être efficace, revoir notre organisation est aussi primordial.”

Est-il aussi nécessaire de revoir notre système judiciaire ?

“Nous nous battons afin de pouvoir prolonger la garde à vue de 24 à 48 heures pour les faits terroristes. Il est quasi impossible pour les policiers de réussir à établir un dossier en seulement 24 heures. Il faut aussi préciser que la moyenne européenne est de 48 heures. Nous avons aussi appris qu’ici en Israël, la législation concernant le financement du terrorisme est très stricte. Nous devons aussi avancer à la matière pour pouvoir couper l’herbe sous le pied des terroristes.”

Est-ce que vous vous attendez à des blocages politiques au sein même de la Commission d’enquête ?

“Je pense que les gens attendent que nous soyons capables de dépasser nos intérêts partisans pour le bien de tous. Il ne faut pas prendre les gens pour des idiots. Mais je pense sincèrement que nous allons réussir à travailler tous ensemble.”

http://www.lalibre.be/actu/belgique/la-delegation-belge-prend-des-lecons-de-securite-en-israel-574d9ff035708ea2d606e156

RTL info VIDEO:

Des députés ont visité l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv – TEL AVIV La sécurité de l’aéroport Ben Gurion (31/5/2016 RTL info 19h)

Terrorisme: Israël: Vivre sous la menace permanente (2/6/2016 RTL info 19h )

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La Libre / RTL – foto: Les députés MR Denis Ducarme, Philippe Pivin et Jean-Jacques Flahaux en Israel [JC Guillaume]