Serge en Beate Klarsfeld [REPORTERS]“Le bilan – amer – de Klarsfeld”

LIVRES – La guerre froide a été une aubaine pour les criminels nazis : nombre d’entre eux furent graciés et libérés avec la complicité des Américains face au péril communiste.

Au procès de Maurice Papon à Bordeaux, à la fin des années 1990, il y avait un Klarsfeld dans le prétoire – Arno, l’avocat – mais les envoyés spéciaux de la presse internationale écoutaient toujours avec une grande attention ce qu’avait à leur dire le père, Serge, qui, comme avocat et historien, a réellement pourchassé des criminels nazis. Avec son épouse Beate, il n’a jamais abandonné le combat pour traquer trop de bourreaux restés impunis. A l’automne de sa vie, Serge Klarsfeld fait une mise au point dans un ouvrage réalisé par Tallandier et la rédaction de “L’Express” sur base d’un demi-siècle d’actions. …


Les résultats atteints ont été bien en deçà des espérances… “Disons-le haut et fort : la chasse aux criminels de guerre nazis est un mythe”, constate Klarsfeld. Car, “n’en déplaise aux journalistes, aux écrivains et aux cinéastes, il est faux d’affirmer qu’ils ont été activement recherchés. Ils l’ont été beaucoup moins que nombre d’escrocs d’envergure internationale… Il faut savoir regarder la vérité en face et séparer lucidement la fiction de la réalité, si triste et décevante soit-elle. Seule la trop brève période de coopération entre l’Est et l’Ouest, de 1945 à 1947, donna lieu à une “chasse” digne de ce nom…”

La guerre froide a été une aubaine pour les criminels nazis : nombre d’entre eux furent graciés et libérés avec la complicité des Américains face au péril communiste. Si Serge Klarsfeld constate que l’Etat d’Israël, pris dans le jeu de l’Occident, n’a pas fait ce qu’il aurait pu entreprendre, il est particulièrement sévère pour la justice allemande, non sans se poser une question fondamentale : à quoi bon juger aujourd’hui jusqu’à la dernière sentinelle alors qu’hier les “gros poissons” étaient épargnés ? Une question délicate car certains gardes furent face à un dilemme : mourir de faim dans un camp de prisonniers soviétiques ou servir dans un camp de concentration allemand… Christian Laporte

La Traque des criminels nazis Serge Klarsfeld Tallandier 398 pp., env. 19,90 €

http://www.lalibre.be/culture/livres/le-bilan-amer-de-klarsfeld-52899a0035708e0f64fccc75



La Libre – foto: Serge en Beate Klarsfeld [REPORTERS]