Guerre Environ 150 survivants hors condition d’octroi
Environ 4.500 enfants juifs ont été cachés en Belgique durant la guerre 40-45. La plupart d’entre eux, aujourd’hui âgés entre 69 et 85 ans, ont subi un traumatisme considérable.
« Ces survivants de la Shoah ont vécu l’horreur, l’anéantissement, la menace de mort, la clandestinité, les persécutions, la perte de leurs proches ou l’arrestation de leurs parents devant leurs yeux sur notre territoire », rappelle Adeline Fohn, docteur en psychologie (UCL) et auteur d’une thèse remarquable sur le sujet (Le Soir du 17/11). Et pourtant, aujourd’hui, certains survivants ne sont pas reconnus comme invalides de guerre (pension et soins de santé). En cause, notamment : des conditions légales jugées trop restrictives par les principaux concernés.
« Nous avons aujourd’hui 86 dossiers en souffrance. Mais nous pouvons décemment estimer à 150 le nombre de survivants privés d’une indemnisation, insiste Régine Sluszny-Suschowolki, présidente de L’ASBL L’Enfant caché. Au-delà de l’aspect pécuniaire, c’est une question de reconnaissance et de reconstruction personnelle des victimes. »
Pour bénéficier de la pension d’invalidité et du « carnet rose », le demandeur doit être belge de naissance ou avoir acquis la nationalité belge avant le 1er janvier 1960 ; être domicilié en Belgique, et ce sans interruption depuis 1er janvier 1931 et avoir un casier judiciaire vierge.
Or la majorité de la population juive (95 %) était apatride en 1940.
Par ailleurs, rappelle L’ASBL L’Enfant caché « certaines personnes sont parties vivre un an ou plus à l’étranger après la guerre avant de revenir en Belgique ».
En outre, nombre de ces Juifs cachés avaient également fui l’Allemagne et l’Autriche en raison de persécutions et sont arrivés en Belgique en 1938-1939.
Pour obtenir une indemnisation, les survivants doivent entreprendre une longue procédure standard (dépôt d’un dossier auprès du Service des victimes de guerre, expertise médico-légale, examen sur le fond…).
Aujourd’hui, environ 150 d’entre eux, donc, ont été refusés parce qu’ils ne répondaient pas aux conditions d’octroi de nationalité et/ou de domicile.
« Or ces personnes ont été traumatisées et présentent un état de stress post-traumatique, des angoisses, des cauchemars récurrents liés à la guerre. L’âge avançant n’atténue en rien leurs souffrances et tend, au contraire à les accentuer », insiste la psychologue clinicienne Adeline Fohn.